Le départ discret qui a secoué l’Europe

Inzaghi a quitté Inter sans effusion de joie ni cérémonie. Pas de conférence de presse dramatique, pas de dernier adieu à San Siro. Juste une réunion — comme tant d’autres — qui a scellé son départ. Pourtant, les répercussions ? Immenses.

Selon le journaliste Morretto, il rejoindra Al-Nassr au Royaume saoudien pour un contrat de deux ans avec un salaire annuel légèrement supérieur à 25 millions d’euros. Pas mal pour quelqu’un qui entraînait encore en Serie B.

Un changement stratégique, pas seulement une prime

Je ne suis pas là pour dénoncer le capitalisme ou moquer l’ambition. Mais quand votre meilleur entraîneur part pour trois fois plus que ce qu’il gagnait en Italie — et qu’il a encore moins de 40 ans — on commence à se poser des questions sur les priorités.

S’agit-il vraiment du football ? Ou plutôt du spectacle ? De la marque plutôt que des titres ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 25 millions par an, c’est plus que la totalité du personnel technique de plusieurs grands clubs européens.

Pourquoi cela dépasse le transfert

J’ai grandi à regarder les pubs anglais vibrer pendant Euro ‘96, où mon père, non anglophone, criait devant le téléviseur comme s’il avait marqué lui-même. Cette passion — cette vraie flamme — ne se paie pas avec un contrat signé à Riyad.

Aujourd’hui, on voit des jeunes entraîneurs abandonner des systèmes éprouvés (comme la pression hautaine d’Inzaghi) pour des contrats flashy où les résultats comptent moins que les likes Instagram.

Cela me rappelle les débats d’Oxford auxquels je participais : « Le football peut-il survivre si son âme est mise aux enchères ? » Et honnêtement ? On y est dangereusement proche.

La fuite des talents est réelle — et irréversible ?

Inzaghi n’est pas seul. Pensez à Klopp, parti après des années de loyauté… pour atterrir symboliquement au bord de la mer Rouge (en Arabie saoudite). Chaque départ affaiblit la capacité des clubs européens à former leurs jeunes talents.

Quand le succès attire la migration plutôt que la légende, quelque chose se brise.

Oui, les joueurs veulent une meilleure vie — je comprends ça. Mais les entraîneurs sont les architectes d’une identité. Ils façonnent une culture dans les murs bien avant que les supporters ne viennent voir leur équipe en live. Chaque fois qu’on perd un tel coach parce que l’argent seul prime… on perd un peu de sens dans le jeu.

Et maintenant ?

Y aura-t-il plus d’« Inzaghis » qui suivront ? Probablement. The modèle est clair : réussir en Europe → devenir marchandise → partir à l’étranger pour trois fois plus → vivre luxueusement (voitures blindées, îles privées). Mais demandez-vous : Qui enseignera aux générations futures à jouer avec cœur quand chaque mentor s’en va après avoir construit quelque chose de vrai ? Nous avons besoin de plus que des statistiques et des salaires : nous avons besoin d’histoires qui survivent aux tableaux Excel.